Carême vs. Carnaval

Publié le par Mathilde Argane

"Je marche, je rêve dans Vienne, sur trois temps de valse lointaine" Barbara, Vienne

"Vienne était la ville des génies, et des imbéciles" Philippe Val,
Vienne


Quand on a la chance inestimable d'habiter sur le vieux continent, il faut aller à Vienne. Elle n'est pas que le coeur géographique de l'Europe, mais une concentration extraordiaire de talents et d'histoire tout en paradoxes et en fulgurance. La ville de Freud et de Schiele est aussi celle qui a si opiniâtrement boudé Le Nozze de Mozart, au point qu'il alla présenter son Don Giovanni aux Pragois, plus clairvoyants. Bref il faut aller à Vienne pour sentir ce qu'est et ce qu'a été une ville vivant au rythme de la création culturelle, où s'inventait sous les yeux de tous la civilisation européenne.

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Parmi les innombrables chefs-d'oeuvre que renferment ses musées, on ne manquera pas la salle de Bruegel, où est réunie la plus belle collection d'oeuvres de l'artiste au monde. Entre la tour de Babel et le Banquet, j'aime particulièrement la lutte de Carême et Carnaval. C'est la même scène qu'on retrouve chez Rabelais, dans le Quart Livre, où les Andouilles, disciples de Mardi-Gras, affrontent Quaresmeprenant.
C'est une lutte qui n'en finit pas d'agiter la morale, et pas seulement au 16°. C'est une des questions fondamentales à laquelle l'Europe en tant que civilisation a dû répondre.

L'enjeu éthique est majeur: aime-t-on mieux dans le sacrifice de soi, dans la privation. La frustration peut-elle être une preuve d'amour? Au Carême on jeune: la capacité à se priver pour Dieu est évidemment une valeur reconnue par tous les dogmes religieux. Qui s'est transposée en morale amoureuse, jusqu'à aujourd'hui.

Pourtant, devant le tableau de Brueghel, qui peut vouloir souhaiter la victoire du Carême?
  

Publié dans des idées

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